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Reportage : l’excision en Indonésie

En Indonésie, l’excision est pratiquée par la plupart des musulmans pratiquants. Je l’ignorais totalement, et vous ? Envoyé Spécial est parti à Java et suivi une famille de Jakarta allant faire exciser leur petite fille de presque 4 ans à Bandung, leur ville d’origine,  où l’on pratique chaque année, lors de la célébration de l’anniversaire du prophète Mohammed, des excisions gratuitement. Même si l’on dit que les excisions en Indonésie sont moins violentes qu’en Afrique car l’on « effleure » simplement le clitoris des petites filles (de deux mois à 14 ans) avec une aiguille, cela n’en est pas moins une mutilation basée uniquement sur une croyance peut-être dépassée ou mal interprétée selon laquelle une femme est pure avec ce bout nerveux en moins. Je ne veux pas polémiquer sur ce sujet, simplement dire que, en tant que femme, on regarde ce reportage les cuisses serrées et le coeur plein d’effroi. Heureusement, des associations informent les familles des dangers et conséquences de cette pratique car, on s’aperçoit que beaucoup d’entre elles manquent d’arguments pour justifier leur « frilosité » à mutiler leurs filles. Il est en effet mal vu de poser trop de questions sur une tradition si ancrée et ancienne.

Scène d’excision par Stéphanie Sinclaire

En complément, voici le reportage-photos de Stéphanie Sinclair intitulé « L’excision, une tradition en Indonésie » et publié dans le New York Times Magazine en 2008.Cette série a également a également remporté le Grand Prix du reportage humanitaire.

"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair
"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair
"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair
"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair
"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair
"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair
"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair
"L'excision, une tradition en Indonésie" © Stephanie Sinclair
« L’excision, une tradition en Indonésie » © Stephanie Sinclair

Quelques précisions sur l’excision en Indonésie :

Le Comité des droits de l’homme examine le rapport de l’Indonésie – Haut Commissariat aux droits de l’hommejuillet 2013

  • La délégation a rappelé que de la région d’Aceh jouissait d’une autonomie substantielle pour édicter ses propres lois, s’agissant en particulier de la pratique de la bastonnade en tant que punition «préventive» afin de dissuader la commission d’actes illicites.  La décision prise en 2010 de rétablir la médicalisation des mutilations génitales féminines faisait suite à son interdiction quatre ans plus tôt, à la demande notamment de l’Organisation mondiale de la santé, la décision de 2006 ayant eu pour effet non pas de faire diminuer les excisions mais d’augmenter le nombre de celles effectuées par des non-professionnels, avec des conséquences néfastes sur la santé des femmes concernées, a expliqué la délégation.  L’Indonésie demeure déterminée à éradiquer cette pratique traditionnelle.[…]
  • Une experte a déploré que la délégation, dans ses réponses, mette sur le même plan la circoncision masculine et l’excision.  Pour elle, l’argument selon lequel on ne porte pas atteinte aux organes reproducteurs n’est pas le problème, car il s’agit d’une mutilation et d’une atteinte à la sexualité de la femme; l’âge auquel cette intervention est pratiquée ne change rien à l’affaire ni à son caractère douloureux.  C’est pourquoi la pratique est condamnée par l’Organisation mondiale de la santé. […]
  • Plutôt que de mutilations génitales, Mme Harkrisnowo a dit préférer parler de «circoncision féminine».  Celle-ci, a-t-elle expliqué, est pratiquée sur des nouveau-nés avec une aiguille sans aucune conséquence sur les organes reproducteurs et a ainsi peu à voir avec l’excision pratiquées dans d’autres régions du monde.  Selon les statistiques, 86% des jeunes Indonésiennes sont ainsi circoncises.  Dans de nombreuses communautés, cette pratique est traditionnelle.  Il s’agit souvent d’une pratique dangereuse puisqu’elle est pratiquée par des non-professionnels.  En 2008, il a été jugé que son interdiction proclamée en 2006 était contraire à la charia.  En 2010, les autorités ont décidé de l’autoriser de nouveau à condition qu’elle soit pratiquée par des médecins et qu’elle n’ait pas de conséquence sur l’organe reproducteur de la femme.  Il ne s’agit en aucun cas d’un encouragement mais plutôt d’une mesure transitoire.  Une équipe spéciale a été mise en place sur cette question notamment pour sensibiliser les notables et la population au sens large quant au caractère potentiellement préjudiciable de cette pratique dénoncée par les instances internationales.

Contre la pression mondiale, l’Indonésie défend une excision dite « douce »  – AFPmai 2013

Malgré les appels internationaux à bannir tout ce qui est considéré par l’ONU comme une mutilation génitale féminine, l’Indonésie veut préserver une tradition bien ancrée dans le pays musulman le plus peuplé au monde, en défendant une variante qu’elle dit largement symbolique et exempte de mutilation.

Activists decry state-condoned female circumcision – Global Post juillet 2011

Selon un rapport du Conseil sur la population datant de 2003, plus de 95% des fillettes sont excisées dans les communautés musulmanes de stricte obédience. Les femmes interrogées expliquent la raison de cette mutilation : cela réduit le plaisir sexuel et enlève aux épouses la tentation de l’adultère.

L’Indonésie peine à bannir l’excision – Elle.frmars 2013

« L’islam n’oblige pas les filles à être circoncises », rappelle cependant Amidhan, président du Conseil des Oulémas indonésiens (MUI), plus haute instance religieuse du pays. Le MUI s’oppose malgré tout à une interdiction, préférant laisser le libre choix aux parents. […] Islam ou pas, la très grande majorité des Indonésiennes sont excisées, selon les ONG, les familles estimant qu’il s’agit d’un passage obligé pour « purifier » les enfants. […] « De nos jours, de nombreuses filles tombent enceinte hors des liens du mariage, juge Yuli. La circoncision va empêcher ma fille de devenir une obsédée sexuelle quand elle grandira.» […] Martha Santoso Ismail, du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) a récemment remis une nouvelle fois en cause « l’efficacité » de la réglementation actuelle en Indonésie.

Indonésie : l’excision en héritage – Article Womann’s worldJuin 2012

En 2006, certains couples qui refusent de faire exciser leurs filles, malgré le poids de la tradition et la honte qu’ils font peser sur leur famille, avaient accueilli avec un grand soulagement l’interdiction par décret de l’excision. Un espoir de courte durée puisqu’en 2011, le ministère de la santé l’a de nouveau autorisée, prétextant l’argument sanitaire selon lequel il est préférable que cet acte soit réalisé par un « agent de santé qualifié. »

Carte de la pratique de l’excision dans le monde en 2011

Carte de la pratique de l'excision dans le monde en 2011
L’excision et les mutilations sexuelles dans le monde, principalement en Afrique subsaharienne et au Moyen Orient mais aussi dans les pays d’immigrations, européens, nord américains ou océaniens. Plus la couleur est foncée, plus importante est la proportion des mutilations.  – Source Women’s stats database

 

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